Cette nouvelle chronique parle de la fin du monde. Enfin de la fin de mon monde qui selon moi a été déclenchée en avril 2001. C’est véritablement pour moi le commencement de la fin de l’élévation humaine vers le meilleur des mondes pour se diriger vers le pire de ce qu’il en restera. Sans exagération aucune bien évidemment.
À quel moment de notre histoire avons-nous totalement perdu de vue le bon sens qui a permis à notre espèce de sortir de son flanc gauche la tartiflette, le pain au chocolat et le céleri rémoulade ? Cette question que le monde se pose trouvera sa réponse dans le prochain paragraphe, parce que oui, tel un Yuval Noah Harari de South Pigalle, je me targue d’avoir moi aussi une profonde connaissance de l’humanité, si ce n’est de son histoire, ayant passé une grande partie de ma vie en terrasse des cafés de Paname et de ses territoires à discuter de ses sujets avec les plus grands spécialistes des avis tranchés de la 7e puissance mondiale (la France, donc).

par Gilles Tristounet Rapaport
C’est indiscutablement le 26 avril 2001 que les membres de la Ligue des chroniqueurs de cafés disparus s’accordent à indiquer comme le point de départ de la Grande Décadence qui conduisit à l’Effondrement.
C’était sur M6.
Une bande d’imbéciles heureux entraient dans une maison pour y être enfermés pendant un mois. Ils allumaient le feu qui allaient couler le paquebot France comme d’autres quelques mois avant eux ailleurs dans le monde, pour déclencher un incendie planétaire, détruisant les siècles d’effort et de culture, et pour plonger le monde dans le Grand Vide abyssal du règne des Idiots utiles dont je ne dirais pas qu’il était orchestré par Vlad l’Empaleur, afin de ne pas insulter l’avenir alors que j’écris ces lignes dans mon appartement bourgeois bohème et que les bombes tombent sur Kyïv, qui est bien loin, mais sait-on jamais…
C’était « Loft Story ». Nous avons découvert que manger du caca finalement c’était possible, et que ça devait être drôlement bon puisque nous en redemandâmes. Les choses étant bien faites, on nous en donna à foison pendant les vingt années qui suivirent.

par Gilles Wedding Breaker Rapaport
Le deuxième point de bascule dans l’Abîme se situe en mai 2007.
Une bombe à fragmentation intellectuelle fut lancée sur des foules aveuglées par les belles paroles d’un type à col roulé noir qui fit tellement bien le Jobs qu’une génération a suffi pour appliquer la logique de la tabula rasa à ce qui restait du cerveau de l’humanité. L’iPhone venait de naître, la Pomme accouchait de la Bête, une amusante ironie de l’histoire si tant est qu’on soit chrétien ou qu’on ait vu Il était une fois la Bible, un dimanche soir sur France 3.
Il s’ensuivit quinze ans d’un enfer numérique qui transforma une partie de l’humanité, et je parle ici de celle qui peut commander en ligne des produits indispensables, fabriqués par les esclaves de la face cachée de la Terre, en accros dépendant d’un petit rectangle bourré d’applications tellement bien qu’on peut y suivre les aventures et les conseils de vie des héritiers des décérébrés cités plus haut.

par Gilles Version 3.5 Rapaport
Et c’est ainsi qu’advint la Chute. L’humanité, les yeux rivés sur l’écran de son smartphone, ne pouvant éviter le trou béant creusé par son inconscience, y sombra jusqu’au tréfonds. Rideau, fin de l’histoire.
La sixième extinction de masse débuta un jeudi, à 20 h 45.
Play-Scriptum : Alors que j’écris cette chronique, j’écoute Proud Mary version la lionne Tina, A Change is Gonna Come par Sam Cooke et Dark Days de Yard Act.
A noter, Camarades : Cette chronique fait partie de la newlsetter Letttre d’un jeune boomer envoyée le 16 décembre 2022