Ce que j’en sais.
La voix de Michael Stipes, nasillardait dans le local surchauffé, le riff de mandoline que nous allions indigéré pendant les mois à venir faisait ses premiers pas sur la bande FM américaine.
Nous avions la vingtaine, nous étions tous backpakers* et notre linge était sale. Tous réunis dans la laverie au sous sol de notre Youth Hostel, nous n’avions pas de plan autre que celui d’attendre la fin d’un programme à 40°. Il y avait les Australiens que je connaissais bien, un Allemand et une Italienne.
J’écoutais d’une oreille Stipes et son « that’s you in the corner » et de l’autre j’observais, oui j’observais, l’Italienne. Je ne l’avais pas encore vu dans l’hôtel, elle venait d’arriver ou j’étais trop concentré sur mon aspirateur. Elle riait aux blagues des autres, à pleine dents. Je n’ai pas osé tenter de la faire rire à mon tour, mon anglais se fracassant souvent à l’époque sur des murs trop hauts pour laisser passer mon humour (bref, je parlais mal l’anglais).
La chanson de REM se terminait, je ne savais pas qu’elle parlait d’un amour non partagé, et le tambour continuait à tourner.
Ce soir là, nous allions fêter le 4 juillet sur les pelouses du Mall et je rêvais d’un autre feu d’artifice.
* bipèdes affublés de sacs sur le dos