
Circa 2020
Ce jour-là, je travaillais avec mon cher ami et mentor Michel Webb à l’écriture d’un ouvrage destiné à l’éducation de ma lignée, une œuvre complètement définitive titrée Pas de pitié pour les générations futures. Je butais sur un passage particulièrement difficile, mais central, où je mettais en parallèle la vivacité de mon meilleur ami de l’homme à moi que j’ai et l’incapacité dûment constatée de mes héritières à trouver le lave-vaisselle dans notre cuisine de sept mètres carrés lorsque…
Un éclair divin, une révélation me visita : « Le jeune est ingrat ». Souvent, sans attendre le premier bourgeonnement, il ne sait pas dire « merci ». Alors qu’il est important de dire « merci » à ceux à qui on doit tout.
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Parce que je l’entends cette petite musique actuelle – si tant est qu’on puisse appeler ça de la musique – qui me casse les oreilles quand ce ne sont pas mes acouphènes parce que c’est comme ça, voilà ! Nous sommes responsables de tout, et, si on en est là, c’est tout de la faute à ma génération qui en a trop profité, sus aux coupables ! Je réponds à cette interjection d’un hochement de tête paternaliste, condescendant et je dis : « Quels sots vous êtes, vous les jeunes ouin ouin. »
La démonstration qui suit va sans doute révolutionner la sociologie moderne, et des ouvrages de référence en découleront, je donne les clés de la compréhension, en premier de cordée j’ouvre une voie. J’ai ce courage, cette force de l’âge de raison. Qui m’aime, me suive.
Certes, à votre âge nous avions Julie Pietri, Sabrina et l’italo-disco la plus classe, vous, vous avez la magnifique Aya Nakamura et son african-world-soup voicoderisé ; nous avions le fringuant El Chato alors que vous frétillez du booty sur Kenji Chirac. Mais la comparaison s’arrête là. Stoppez. Deux salles, deux ambiances. À jamais.
À l’âge de la révolte, vous avez la chance, oui je viens d’écrire « la chance », d’avoir des cibles contre lesquelles vous pouvez donner libre court à votre ire sans fin (ma tante excellait aux mots croisés de Télé 7 Jours). Alors que nous, contre quoi aurions nous pu nous révolter ? Contre qui ? Nous vivions les plus belles années de l’humanité, que dis-je, de la France. M. François Mitterrand, cet astre socialiste, nous gouvernait de la main douce et bienveillante du leader de gauche qui représente le Bien dans le Panthéon démocratique. Que demander de plus ? Bernard Tapie, notre rôle model à tous, était ministre. Relisez cette phrase.

Décembre 2020
Aujourd’hui, si le millenial et son pendant le jeune Z ont les boules, s’ils ont un combat à mener, s’ils s’offusquent à chaque coin de comptoir virtuel du monde que nous lui avons laissé, c’est, et je l’assume, « notre héritage ». Je cite ici un autre Gen X qui ne m’en voudra pas pendant qu’il cachetonne sur TF1 (mais qui suis-je pour juger les saltimbanques au temps des pandémies ?).
C’est bien grâce aux efforts concertés de toute ma génération que vous avez aujourd’hui un combat écologique à mener. Sans nous, ne pas oublier de remercier aussi nos parents, qui aurait entendu parler de l’environnement ? Pff… C’est de nos actions que sont nés les combats d’aujourd’hui.
Sans nous, pas de Greta Thunberg, pas de Cyril Dion ni de Pablo Servigne. Sans mon indéfectible engagement à consommer goulûment, à bâfrer tout ce qui tombait de la corne d’abondance de la mondialisation, remplie par des enfants de là-bas où ils n’ont pas les mêmes problèmes que nous, point d’Extinction Rebellion !
Génération X et boomers, il est temps d’assumer fièrement notre legs !
Et nous disent-ils « merci » ? Ont-ils seulement conscience de notre apport à la complétude de leur vie de jeune ?
Vident-ils seulement le lave-vaisselle ?