Les vrais durs ne dansent pas. Vraiment ?

Je ne sais pas pour les vrais durs, mais le parangon de bienveillance que je suis, surnommé UltraDoux dans le milieu des laveries parisiennes, le vrai doux que je suis danse, a dansé et il dansera.

Le cycle de l’évolution naturelle pousse l’Homme vers le ridicule alors que le poids des ans le traîne hors de la piste de danse (encore une fois pour tous mes lecteurs que je n’écoute jamais parce qu’avec l’âge vous savez bien, j’écris « Homme » pour adresser mon propos liminaire à l’espèce humaine dans son intégralité. Les femmes, les hommes, les Bretons et les « insoumis » sont englobés ici). C’est un fait, établi par de nombreuses études que je ne citerai pas car vous ne les lirez pas. C’est aussi indiscutable que les mages Raoult et Aberkane sont des génies.

Et donc… alors que se profile dans l’ombre le temps de la sagesse au coin du feu, il est fortement recommandé à celui-ci de ne pas s’approcher à moins de trente pieds (ou vingt-trois s’il chausse du 45) d’un dancing s’il ne veut pas s’attirer l’ire de Ceux qui nous succèderont. J’utilise le mot « ire » pour la colère, j’ai eu une tante qui excellait en mots croisés, d’où un riche vocabulaire chez votre serviteur par effet de ruissellement ou de photosynthèse, je ne sais plus.

Ah la java, c’est bath !
par DJ Rapaport

Je suis moi-même un sacré danseur. Désordonné et décomplexé, mi-ours de cirque mi-derviche tourneur chargé aux euphorisants, on me trouve parfois exerçant mon art brutaliste dans les caves de Paname. Les nouvelles générations ayant abandonné depuis quelques années l’idée de produire de la musique de qualité, on y joue bien souvent les mêmes morceaux que ceux de ma jeunesse dorée, bercée par les beats endiablés de la génération giscardomit’randienne, qui n’était pas la dernière quand il s’agissait de faire danser le bon peuple au son des synthés de l’italo-pop ou des plages enveloppantes de la new wave de la perfide mais romantique Albion.

Sous le déguisement que je porte, de vrais cheveux et des sneakers blanches, je peux me glisser parmi eux sans trop éveiller leurs soupçons (quoique pour les cheveux c’est étonnant mais on a l’impression qu’ils n’en ont plus… je vais me pencher sur ce mystère-là tiens !). Ils me laissent tranquillement gribouiller ce que j’appelle des pas, et qu’ils perçoivent sans doute comme la crise d’un dément sorti de Sainte-Anne, un sympathique fou, amoureux de Niagara, de Frankie Va à Hollywood et du Captain si Sensible.

De temps en temps, une fille ou un garçon me fait un signe pouce en l’air, un encouragement comme ceux que reçoivent de leurs soignants les ehpadistes qui s’aventurent dans le parc pour la sortie mensuelle hors de leurs cages. C’est comme s’ils remettaient des sous dans la machine, ce qui me permet vaillamment de déchaîner la bête à danser jusqu’à des 1 heure voire 2 heures du’m lorsque je suis au top de ma forme. C’est vraiment l’éclat’, c’est bath !

Ours mal noté
« Laissez-nous danser, laissez-nous… »
par MC ‘Papo
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Quand j’avais leur âge, si par malheur je prenais sur le fait un de mes aînés à se trémousser en notre présence, jamais je ne lui aurais adressé un quelconque encouragement. C’était comme nous le disions entre nous « la honte ».

Sans parler, bien entendu, de voir l’un de mes parents s’adonner à ces contorsions ridicules. J’aurais encore préféré les voir jouer au rami avec leurs amis, c’est dire.

La musique est générationnelle, et la danse qui va avec doit le rester. Si je peux me permettre certaines transgressions c’est que je suis encore très jeune ce que nos parents n’ont jamais été, chacun le sait bien.

 🎶 Play-Scriptum : Alors que j’écris cette chronique, j’écoute Tears dry on their own de Madame Amy Winehouse, Que dalle tout un morceau de Monsieur Bertrand Belin qui résonne particulièrement chez moi et Pana-vision de The Smile (Thom Yorke , je vous mets le lien du Tiny Desk Concert donné récemment qui est bien chouettos )

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